Histoire de la Ferme des Tabacs

La Ferme des Tabacs est une ancienne maison noble fortifiée, la Girardière devenue la Gilardière au siècle dernier.


La maison noble appartenait au XVIIè siècle à Jeanne Tréguéret, dame de la Girardière qui épousa le 21 février 1650, noble Luc Moisan, sieur de la Bigotière, sénéchal de la seigneurie de La Guerche; mariage célébré par vénérable et discret missire Gilles Des Clos, recteur de Saint-Breven.


La Girardière passe, en 1677, aux Tréget sieurs de la Valtière, titulaires de charges de judicature et agents supérieurs de la "Ferme des Tabacs".


Précisons qu'à l'époque, le monopole du tabac appartenait à des fermiers généraux - les traitants - qui payaient d'avance, au roi, une somme fixe et jouissaient du privilège exclusif de la vente. Ils entretenaient sur les côtes, une armée de gardes : les "agents de la Ferme des Tabacs", organisés militairement, qui réprimaient durement la contrebande et se livraient souvent à de véritables exactions.


Les gardes locaux occupaient la caserne voisine de la Prinais, puis celle de la Grognée. Ils patrouillaient en permanence, avec leur patache, dans la rade de Mindin, à travers les navires et perquisitionnaient à leur bord.


Les fermiers généraux des Tabacs réalisaient des profits scandaleux par les moyens les plus contestables. Ils étaient - ainsi que leurs agents - fort impopulaires. Dès lors, frauder le tabac n'était pas voler l'État, c'était frustrer les traitants et leur faire rendre gorge par avance. C'est ainsi que raisonnaient bon nombre de brevinois dont la contrebande était devenue le sport favori.

Le recteur montrant l'exemple, ils exerçaient leur coupable industrie en association avec les équipages des navires - négriers en particulier - mouillés dans la rade. on trouvait à bon compte, dans la région "toutes sortes de faux tabacs, roulés, râpés, en poudre, en andouilles ou en manoques, venant des Amériques, ou portant la marque d'Espagne ou de Hollande".


C'est dire que les Messieurs de la Valtière, sieurs de la Girardière, responsables de la répression, avaient fort à faire.


Par la suite, la Girardière passa - par mariage ou par héritage - aux de Frondat, alliés aux précédents. Jean de Frondat, en 1720, est procureur de la Chambre des Comptes à Nantes, charge anoblissante. Il porte : "d'azur à la fronde d'or", blason parlant.


Le 10 octobre 1720 on enterre, dans l'église, sa fille, la belle Magdelaine de Frondat de la Giradière, âgée de 22 ans, en présence des cousins Tréget de la Valtière.


Durant la révolution, la maison noble fut acquise par des particuliers et, sans fait marquant, la vieille Girardière devint la Gilardière, simple ferme, mais ayant toujours belle allure. Elle fût rénovée en 1982, de la manière la plus heureuse et abrite désormais l'excellent établissement que nous connaissons.


C'est pour évoquer son passé qu'on lui a donné ce nom chargé de souvenirs et parfumé d'aventures : la Ferme des Tabacs.

A. DURU

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